Avant
que l’ombre :
dernière analyse avant disparition d’un mythe
flamboyant
Voici donc venue l’heure attendue
depuis 5 ans. Après Innamoramento,
album semblant vouloir renouer avec les instances électroniques de la musique
d’Ainsi soit-je, avec des thèmes
baroques tels que pour la chanson Consentement,
avec des mélodies aussi puissantes que
celle d’ Et si vieillir
m’était conté ou Optimistique-moi , après
un best-of, après un autre best-of :
voici venu le dernier opus de Mylène Farmer.
Petite analyse en profondeur pour
chacun des titres.
01 - Avant que
l’ombre
Titre phare de l’album si l’on en croit
son titre. L’ancienne déesse des mots et du son invoque Jésus et lui fait part
de ses craintes. L’entrée en bouche n’est pas marquante. Les premières notes
présageaient pourtant un bon titre. Cependant, lorsque la chanteuse pose sa
voix d’une manière mâchée, et à vrai dire, peu interprétée (cf. : mais moaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa), la faiblesse du titre est
proclamée. Le « qui ne sait ! ou……A-ller ! » signe son
arrêt de mort. Les paroles sont un exemple de mauvais calage musical. On ne
peut pas demander à une chanteuse de variété française commerciale de faire du Juliette (cf. écouter le raggae abscon de L’éternel féminin). « Avant que
l’ombre ne s’abatte à mes pieds pour voir l’autre côté » ne veut rien
dire. Le peu de mots prononcés pour une chanson lente d’une durée de 6 minutes
est un record absolu.
Seul élément qui relève un peu
l’œuvre : le pont musical, intéressant par son rythme d’arrière plan, les
cœurs inhabituels chez la rousse, et le violon Hitchcockien se baladant sur des
notes tout en dièses et bémols. Mais le morceau reste mou et peu intéressant,
sans véritable thème.
02 - Fuck them
all
Je ne reviendrai pas longtemps
dessus : les paroles, autant que le titre, sont très vulgaires.
« Marie » semble représenter, dans la continuité de l’album, ce mec
qui l’engrosse et qui s’appelle Dieu. Ce n’est pour moi, qu’une remise en cause
de l’emprise du mâle assez contradictoire et plutôt Sado Maso. Le refrain est.. tout simplement grossier. Les
paroles sont inaudibles. Un calvaire. C’est le cas de le dire.
03 - Dans les rues de Londres
Ce titre fait preuve d’un véritable
élan, une légèreté emportée, un souffle mélodieux qui pousse un thème
littéraire (Virginia… Woolf ).
C’est pourquoi il me plaît. On ne peut empêcher la rouquine de pousser dans les
aigus, mais là, il faut reconnaître que pour un morceau un tiers plus court que
Avant que l’ombre , premier titre de l’album,
il y a plus de paroles, toutes plus intéressantes et plus mystérieuses (dans le
bon sens du terme, qui est donc cette Virginia qui semble attachée aux
rues de Londres ?). De plus, les paroles sont bien calées. La chanteuse et
son compositeur nous épargnent les instruments ados préconisés pour Alizée, les chœurs ont changé de mode, ce ne sont plus des
« I-A-O, ou bien des I-A-I-A-I-A », alors
qu’on aurait pu s’y attendre avec le prénom énoncé..
Ce titre est à mon sens le meilleur de l’album.
Et pourtant.. il n’y a pas de quoi s’émousser ! Il fait partie de ces
titres indansables que l’on aime bien chez Mylène, du
style Comme j’ai mal, Beyond my control .
Mais il reste encore bien loin des Je
t’aime mélancolie et Sans
contrefaçon.
04 - Q.I.
Jeux de mots abscons censés sans doute
être provocants. Ils sont lourds, lourds, lourds… La cymbale en arrière plan fait penser à « Je t’aime mélancolie »,
malheureusement elle cesse pour laisser place à un rythme des plus simples.
« Tam pan, tam
pan ». Pas terrible. Les paroles du refrain n’ont aucun intérêt. Seule
touche positive : c’est la fin des couplets parlés qui renouent un peu
avec les astuces de l’album Libertine. La mélodie n’est pas
désagréable, et le piano n’est pas trop présent, bien maîtrisé en fond.
Mais reconnaissons quand même que les
paroles ne sont pas folichonnes.
Le pont, situé au milieu de la 4e
minute alors que la chanson fait 5 min 26, est bien trop long..
il perdure.. est
assourdissant et la voix de la chanteuse est proprement.. désagréable.
05 - Redonne-moi
Le début de celle-ci fait d’abord
penser à Innamoramento,
puis clairement à Souviens-toi
avec la même note, la même voix, la même lenteur.
Le guériiiiiiiiiiiiiiiiiiitttttttttttttttttttt…
PAS ! est nul, finir un couplet par un
« pas » brutal et soufflé à la fois.. c’est
d’un goût plus que douteux. Le couplet est chanté soufflé comme « nous
souviendrons nous », calmement chanté puis d’un coup aigu, pour repartir
dans le sobre et refaire un saut plus loin..
Quand Mylène
crée l’hésitation « peut-être sève, peut-être fièvre » on se demande
si elle n’a pas laissé les deux par pure indécision. :D Le pont est plus
que.. minimaliste. A celui-ci
je préfère 10 000 Fois la flûte de
pan de « Dernier sourire ». ON a connu des piano-voix
beaucoup plus puissants, entraînants, et profonds que celui-ci. Je passe sur
l’interruption brutale de la fin.
06 - Porno graphique
Alors là… voir History et Ghost de Michael Jackson. Même
piano, même rythme. Il fallait par
ailleurs qu’elle se repose sur un des titres, (qu’elle nous repose aussi),
comme elle l’avait fait pour Agnus Dei,
L’instant X. On ne voit pas ce qu’il
y a de pornographique dans l’histoire a part des jeux de mots déjà (in) versés.
Le pont est aussi ingénieux qu’un mauvais pont de Pascal Obispo
(pour ceux qui connaissent, le principe est deux notes alternées et alternées
et alternées… à l’infini). Le morceau de guitare ressemble à du mauvais Madonna
et les chœurs sont.. assourdissants
d’inintérêt. Heureusement que.. ah..
voilà, ça s’arrête d’un coup.
07 - Derrière les fenêtres
Je dirais que..
c’est un mauvais rêvé (même rythme). Je n’ai pas
distingué la mélodie phare. Le retour du refrain répété de la fin (après le
pont) était très attendu. Si elle a voulu illustrer Les autres ,
c’est raté. Je préférais L’autre.
08 - Aime
Intro assez Alizéenne. Et somme tout
assez ado ! Le rythme est inintéressant. De plus, l’amour va moins bien à Mylène que la mort. La mélodie ne se retient même pas, car
elle est fade, tout comme le titre.
09 - Tous ces combats
Allez-donc ! Encore une chanson lente. C’est
du faux Françoise Hardy ! La mélodie est mal assurée, on dirait que
Laurent Boutonnat ne savait pas où diriger ses
notes ! C’est percutant (même dans la lenteur) ou ça ne l’est pas !
Ici, j’opte pour le second choix. Rien que Tous
ces combats repris au second refrain avec un léger modérato-vibrato qui fait redescendre la note.. c’est très décevant ! Rien
de plus fade. De quoi illustrer les feux de l’amour. Après tout, pour illustrer
l’enterrement du Pape, c’est pas mal non plus.
10 - Ange parle-moi
Là c’est le pompon. Je n’ai jamais, de
ma vie jamais, entendu mélodie si maladroite depuis l’Annonciation (de la même
chanteuse). Sans doute le bide absolu de l’album. Du Caprice à Deux remasterisé. Honteux.
11 - L’amour n’est rien
C’est bien la peine de faire tout un
album de l’amour si il n’est rien. J’aurais bien vu cette chanson en titre
caché. Sur le chemin de Dessine-moi
un mouton ,
et le refrain en moins, ça aurait pu le faire… je dis bien, sans le refrain.
Rien de plus.. tiède que ce
titre. Même l’enchaînement/reprise allant du refrain au couplet est raté. Il
fallait bien que le pont soit constitué de « Ien
Ien Ien.. » mais
honnêtement.. on dirait une
musique faite pour Nature et Découvertes.
12 - J’attends
L’intro.. l’intro Mylène !!!!!!!!!
Commencer une chanson par : PAR (demi soupir) FOIS, relève de la suprême
faute du débutant ! Le refrain avait pourtant quelque chose de très Farmerien. Mais les couplets sont tellement Hachés (avec
une énorme Hache pour la peine) qu’on ne peut ne pas penser aux premiers essais
d’un débutant dans sa chambre d’ado.
De plus, cette 12e chanson
signe l’arrêt de mort des mythiques ponts musicaux du compositeur ( ?) Boutonnat.
13 - Peut-être toi
Peut-être toi, parce que c’est moi,
envie de toi, parce que c’est toi, j’ai besoin de toi, renie moi, ce cœur qui
bat pour toi.. c’est toi,
c’est moi… Remixe raté de Serais-tu là, qui était déjà une tentative de reproduire le
phénomène « L’autre ».
14 - Et pourtant
Voir la première chanson du dernier
album de Françoise Hardy : les paroles sont plus jolies, la voix plus
sobre, le tout plus mélodieux. Comme musique de dessin animé ce serait génial. Candy par exemple, avec le coup des roses.
« Quand ! quand ! » Le solo est
moins joli que celui de Laisse le vent
emporter tout.
Chanson cachée : Nobody knows
Petite perle, mais pas de l’acabit de
Effets secondaires. Si Moby était intervenu, on aurait peut-être eu droit à
quelque chose de mieux. Etrange à quel point cette chanson fait penser à Alain
Chamfort et sa voix mal assurée.. Avec les mêmes
arrangements synthétisés que pour la chanson des Razmokets
L’histoire d’une fée c’est… Ces
lasers lancinants, ajoutés à des rythmes qui sont plus que basics. A quand un
autre rythme comme celui d’Optimistique-moi ? Déroutant ? Troublant ?
Je ne peux pas croire que nos rêves soient ainsi brisés !
C’est un gag. Un poisson d’avril. Soit
les remixes seront détonants, soit l’album est
véritablement une pure crotte fournie des fonds de tiroirs d’une quadragénaire
ramollie par l’amour. Il y a fort à parier que cet album, s’il n’est pas sauvé par des Remixes
génialissimes, passera dans le clan des albums recalés de la variété française.
Bien sûr, cet album se vendra. Vendu en 4 exemplaires différents, à raison
d’autant d’exemplaires vendus par fan inconditionnel et le tour est joué :
disque d’or en moins de 3 mois, et disque de Diamants en moins de 2 ans.
Mais tenir un concert aussi prévisiblement gigantesque qu’il ne peut être déplacé, avec
pour tout support, cet album là.. je
n’y crois pas. Pour aimer le concert représentant un album, il faut d’abord
aimer l’album, l’avoir écouté, en connaître les moindres recoins : je vois
mal la chose possible pour celui-ci.
Elle chanterait sa liste de courses
qu’on ne verrait pas la différence avec les paroles de l’album.
Je pense que l’on peut décrire la prose
de Mylène Farmer comme un
genre situé entre l’écriture automatique, la poésie ratée, l’art abstrait,
l’art minimaliste, et le langage sumosânschïeng (© Léthée Nevermind).
©
Léthée Nevermind -
07/04/2005
Le 23 avril
2005
Voici un mail laissé dans ma boîte aux
lettres aujourd’hui par Chow Ching Lie,
après la lecture de cet article. J’ai trouvé plus juste de le reporter tout
entier afin de satisfaire sa première intention de réagir publiquement :
je trouve que c’est la meilleure solution. Si ma pseudo analyse de bas étage
(c’est moi qui la nomme ainsi) a pu choquer certains et faire figure de grand
élan prétentieux, alors pardon. Sachez tous, chers visiteurs, que si parfois
j’en ai l’air, ma devise est celle de quelqu’un qui ne se prend pas au sérieux.
Cet article n’avait par conséquent, aucune valeur universitaire et ne s’en
prévaut en aucun cas.
En outre, si
j’ai pu commettre les erreurs énoncées ci-après, il me semble justifié d’en
afficher les reproches.
Léthée - 23/04/2005
Voici le
mail :
-----Original Message-----
From:
Sent: samedi 23 avril 2005 15:12
To: lethee@free.fr
Subject: Ton analyse d'"Avant que
l'ombre..."
Bonjour.
Je viens, en tombant
par hasard sur ton site, de lire ton analyse de l'album de Mylène
et sincèrement, je trouve que ça n'a d'analyse que le nom.
Tout cela n'a rien de
très objectif (je ne le suis pas non plus, je l'aime beaucoup) et finalement ne
mène nulle part : les "Je n’ai jamais, de ma vie jamais, entendu..."
ne font pas franchement avancer le schmilblick !!
Je ne suis as sûre que
disséquer à la loupe comme tu tentes de le faire un album, est le meilleur
moyen d'en saisir toute l'essence.
Et quand on n'aime
vraiment pas une chanson (comme dans ton cas FTA ou Ange parle-moi), on a des
arguments pour expliquer pourquoi on n'aime ça, on ne balance pas ça comme ça
en deux lignes.
Certes cet album a des
défauts mais il n'en reste pas moins magnifique, très abouti et faisant partie
de l'évolution naturelle des choses après "Innamoramento".
Mylène se veut plus
naturelle, plus accessible, toutefois en ne sacrifiant rien à la qualité de ses
textes.
Selon moi, il valait
bien le coup qu'on l'attende.
Pour être tout à fait
franche avec toi et sans animosité aucune (encore heureux, je ne te connais pas
), j’ai trouvé cet
« analyse » très prétentieuse et je n’ai pas été étonnée du tout de
voir, en visitant ton site, que tu faisais partie des péplautes.