KILL BILL I et KILL BILL II

Réalisateur et Scénariste : Quentin Tarantino
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Producteurs :
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Lawrend Bender |
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Production : |
Miramax Film |
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A Bandapart
Films |
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Compositeur : |
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Kill Bill I :
Film américain (2003). Genre : Action, Karaté. Durée : 1h 52mn. Interdit aux moins de 16
ans
Date de sortie : 28 avril 2004 Avec Uma Thurman, Lucy Liu, David Carradine
Kill Bill
II :
Film américain (2003). Genre :
Action, Karaté. Durée : 2H15mn. Interdit aux moins de 12
ans
Date de sortie : 17
MAI 2004 Avec Uma Thurman,
David
Carradine, Michael
Madsen
Au cours d'une
cérémonie de mariage en plein désert, un commando fait irruption dans la
chapelle et tire sur les convives. Laissée pour morte, la Mariée enceinte
retrouve ses esprits après un coma de quatre ans.
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J’ai été voir les deux épisodes lors de leurs sorties respectives.
Après le premier, j’ai ressenti un lourd sentiment de fatigue, et l’impression
de n’avoir pas gagné énormément, mais payé 8 euros tout de même. « Un
exercice de style tout au plus ! Un assemblage de clichés tous plus gros
les uns que les autres ! des ficèles
connues, vues et revues !.. voilà tout. »
En sortant mercredi dernier de la séance de Kill
Bill 2, j’ai compris toute la portée de « l’œuvre » dans son entité.
Les deux épisodes se complètent. Plus qu’une suite, les deux films forment une
entité indissociable.
L’intériorité :
le sentiment / La démonstration : la violence
Dans le premier épisode on assiste à une fusion sensationnelle du
gore et du karaté. Deux genres radicalement opposés à mon sens : le gore
c’est pas grand chose et beaucoup de sang. Le film de karaté montre un sport à
la fois très subtil et très violent, où il ne perle jamais une goutte de sang
(ou alors très peu en comparaison des coups reçus par les acteurs..). Tarantino offre ici un hommage sans précédent à Bruce Lee.
La combinaison, facilement reconnaissable, est celle portée par l’acteur dans
« Le jeu de la mort », le dernier film qu’il ait tourné avant sa
mort, et où (pour anecdote) il n’apparaît en fait que 10 minutes environ. La
montée dans le restaurant jap, le duel burlesque en kimono dans la neige.. tant d’échos au film de Bruce
Lee, figure emblématique dans sa catégorie. Les acteurs volent, les méchants
sont en noir, battus de façon risible et rendus totalement ridicules, aussi
forts fussent-ils.
Uma Thurman poursuit sa vengeance sans
montrer un seul sentiment, sans exprimer la moindre peine. C’est une belle
blonde effilée sanguinaire. Aucun sentiment n’est montré mais en
revanche : tout au long du film, les effusions de sang sont grotesques,
démesurées : le film ne fait pas peur, mais ne cesse d’éprouver
visuellement le spectateur non amateur de gore et d’hémoglobine.
Dans le second épisode, Tarantino
n’utilise plus l’effet visuel, le sang, les bagarres caricaturales en cascades,
etc.. Cette fois, il fait appel aux peurs de chacun.
La plus belle représentation de l’image qu’il souhaite donner de ce que ressent
alors Béatrix, c’est la séquestration dans le cercueil. L’enterrer vivante, en
enterrant le spectateur avec elle. On ne voit que très brièvement les bourreaux
clouer la boite et y jeter ensuite la terre. Le spectateur est à l’intérieur
avec Uma Thurman, il subit
la même claustration, la même obscurité, la même peur qu’elle. La salle de
cinéma est alors plongée dans l’angoisse, avec ce lien horrible entre elle et
la scène : Uma Thurman
qui suffoque, qui pleure presque et non plus de rage mais bien de peur, de
désespoir.
Dans cet épisode il fait écho à nos peurs les plus tenaces :
se faire arracher les yeux (Œdipe), la morsure du serpent, la séquestration,
l’inhumation de son vivant, le cœur qui éclate… Autant de références à nos
peurs les plus profondes, et le film fait autant d’effet que le premier :
il nous tient en halène sans la moindre goutte de sang.
Dans le cercueil, on la croit perdue : on sait que non bien
sûr.. mais on se demande comment
elle pourrait bien sortir de là. Un retour en arrière se produit alors, sur les
cours qu’elle a suivi (grâce à Bill) avec un grand
maître de kung fu. Quel
sport de combat utilise autant la force intérieur que celui-ci ? (a part kellog’s ?) C’est un
nouvel homage rendu à Bruce Lee, à travers le sport
bien sûr mais à travers son choix d’acteur pour Bill surtout : David Carradine, excellent acteur qui incarne ici l’assassin
adepte du kung fu, il est
également praticien du Kung fu
dans la réalité ; ayant tourné dans la série du même nom créée en 1972
pour Bruce Lee à l’origine. David Carradine, Bill,
que poursuit Uma Thurman
durant les deux épisodes est le symbole de l’amour brisé, le plus grand
assassin de tous les temps jusqu’au bout victime de l’amour : déçu par
lui, puis vengé, poursuivit, et enfin tué. C’est par le cœur, par un geste
simple (le coup de la paume à cinq pointes) il mourra dignement, en marchant,
en quittant sa proie, son bourreau et sans plus de violence : son cœur
explose et il succombe.
Tout le long du film, je me suis demandé comment allait faire Tarantino pour mettre en scène un combat entre Uma l’explosive Kill et David le
vieux Bill de 68 ans cette année. Finalement, on ne verra pas le savoir-faire
de Carradine.
A la fin, on verra enfin exploser l’émotion de l’héroïne, elle
pleure et sourit en serrant dans ses bras sa petite fille retrouvée.
Pour moi, les deux films sont indissociables, ils se contredisent
et pourtant l’un est la suite de l’autre, l’autre étant l’explication du
premier, et le premier étant la mise en bouche de second.
Il ne faut surtout pas se dire en voyant Kill
Bill I que c’est un film de Tarantino simplement, un
assemblage de clichés, de ficèles, d’astuces, etc.. C’est en voyant le second sans même avoir apprécié le
premier, qu’on finit par apprécier les deux. Ce Tarantino,
c’est tout cela en effet, mais bien plus encore. C’est un hommage tout d’abord,
un bon film ensuite, et enfin une mine de trésors, truffé d’humour, de
symboles, et d’imprévu. Car dans celui-ci plus que dans les autres, Tarantino nous subjugue comme on ne s’y attendait surtout
pas !
© Léthée Nevermind
- 13 juin 2004